18
Le jet apaisant d’eau tiède aida Ashlyn à se laver des épreuves de la nuit. Il ne la débarrassa pas du souvenir atroce de ce corps ensanglanté qu’elle avait convulsivement serré dans ses bras, mais il parvint tout de même à éliminer une partie de ses tensions – sa fatigue, son sentiment de désespoir et d’impuissance, sa colère.
Elle allait bientôt rejoindre l’homme qu’elle aimait. Il était en vie. Rien d’autre ne comptait.
Elle voulait le caresser, lui donner du plaisir, en recevoir de lui, jouir de ce sentiment d’adéquation et de justesse qui la remplissait en sa présence. Il savait maintenant qu’elle n’était pas un appât, et il voulait la garder toujours. Il le lui avait dit.
Ses lèvres s’étirèrent en un lent sourire ravi.
Mais comment vais-je m’y prendre pour le délivrer de sa malédiction ?
Cette pensée gâcha sa bonne humeur. Il y avait sûrement un moyen de lui éviter cette mort quotidienne qu’il devait subir pour l’éternité. Elle songea que ce devait être terrible de se réveiller tous les matins en sachant qu’on allait mourir le soir. Personne ne méritait cela.
Elle appuya son front sur le carrelage blanc et se mit à réfléchir. Au cours des siècles, il y avait forcément eu au moins un humain pour se révolter contre les stupides malédictions des dieux et chercher à y échapper. Et ce quelqu’un avait parlé. Elle avait peut-être même déjà entendu des conversations à ce sujet. Sans doute n’y avait-elle pas prêté attention sur le moment.
Mais à présent, elle allait tendre l’oreille.
Malheureusement, les voix restaient muettes quand Maddox était près d’elle. Celui-ci ne la laisserait sûrement pas quitter le château, aussi allait-elle devoir s’absenter sans l’en avertir.
Avant toi, mon existence était un désert, avait-il dit. J’existais, mais je ne savais pas ce que c’était que vivre. À présent, je le sais, je le sens, même quand je séjourne en enfer. Il était prêt à tout pour la protéger. Cela, elle l’avait bien compris.
Elle décida donc qu’elle partirait de nuit, quand il ne pouvait l’en empêcher, et qu’elle serait de retour le matin.
N’y pense pas pour le moment. Tu joueras les espionnes plus tard.
Bientôt, elle ferait vraiment l’amour avec un homme. Avec Maddox. Il explorerait son corps. Il la goûterait. Il la pénétrerait.
Elle frissonna.
Tu ne songeais qu’à t’enfuir… Et maintenant, tu ne songes plus qu’à ce que tu feras en restant…
Cela lui rappela qu’elle devait tout de même trouver un moyen de contacter McIntosh pour le rassurer sur son sort. Mais pas tout de suite. Plus tard. Quand elle saurait enfin ce que c’était que de s’unir à un homme.
Elle eut un peu honte de son égoïsme. Mais tant pis elle ne pouvait pas lutter.
Maddox paraissait déterminé à aller jusqu’au bout, cette fois. Elle le sentait à la manière dont tout son corps s’était crispé quand il l’avait serrée dans ses bras, tout à l’heure, sur le lit. Et le regard qu’il lui avait lancé avant de quitter la pièce n’avait fait que confirmer cette impression.
Elle ne craignait plus qu’il l’abandonne une fois l’acte accompli. Maddox était sérieux. Passionné. Différent. Il n’avait pas besoin de lui mentir et de l’abreuver de fausses promesses pour obtenir ce qu’il voulait. Elle lui donnait tout.
Et pourtant, il avait choisi de ne pas tout prendre. De donner, aussi.
L’eau devint brusquement glacée et elle referma précipitamment le robinet pour couper le jet. Il sera bientôt là… Bientôt… Son entrejambe devint humide. Ses seins durs comme de la pierre.
Les gouttes d’eau qui dégoulinaient sur son corps lui donnèrent la chair de poule. Elle imagina Maddox, quand il se pencherait sur elle pour les recueillir du bout de la langue, et cette image la fit presque gémir. Elle attrapa une serviette et se sécha rapidement, puis se drapa dans le moelleux tissu blanc. Elle quitta la salle de bains dans un nuage de vapeur et regagna la chambre.
Maddox ne l’y attendait pas.
Elle fronça les sourcils, étonnée, puis ses pieds effleurèrent quelque chose de doux et elle baissa les yeux. Quelqu’un avait disposé des écharpes mauves pour tracer un chemin. Elle le suivit. Il menait à une autre chambre. Arrivée sur le seuil, elle poussa un petit cri de surprise ravie.
Elle était déjà entrée dans cette chambre quand elle était passée par le balcon, la veille, pour rejoindre Maddox, mais elle la reconnut à peine. Les candélabres des murs diffusaient une lumière dorée qui éclairait un lit de soie noire. Maddox l’avait préparé pour eux. Pour elle. Une houle fit gonfler son cœur.
Mais où était-il ?
La double porte donnant sur le balcon était ouverte. Elle s’en approcha. Son sang, qui la réchauffait, la rendait insensible à l’air glacé. Maddox était agrippé à la rambarde. Elle remarqua ses cheveux noirs, trempés et emmêlés, qui gouttaient sur son large torse.
C’était la première fois qu’elle voyait son dos nu. Le spectacle était impressionnant.
Un énorme papillon tatoué y déployait ses ailes, des épaules à la ceinture de son pantalon. Il était rouge, presque fluorescent, il frémissait. De colère ? Elle fut surprise qu’une créature aussi délicate lui paraisse menaçante. Et aussi qu’un homme aussi viril que Maddox ait choisi de se faire tatouer un papillon.
— Maddox…, murmura-t-elle d’une petite voix.
Il fit volte-face, comme si elle avait crié. Une moue apparut sur ses lèvres sensuelles. Il n’était plus l’amoureux qui désirait l’emporter dans le jardin des délices. Il était redevenu le guerrier impitoyable qui n’avait pas hésité à l’abandonner dans la forêt.
— Que se passe-t-il ? bredouilla-t-elle.
— Je viens de trouver une couverture nouée à cette rambarde, dit-il en montrant un point sur sa droite, mais sans la quitter du regard. Tu es au courant ?
Elle fut un peu déconcertée par le regard de ses pupilles mauves – à présent cerclées d’un rouge du même ton iridescent que son tatouage – qui la visait comme un doigt accusateur.
La bonne nouvelle, c’était que le masque de squelette n’avait pas fait son apparition. Du coup, elle se sentit autorisée à relever le menton et à faire un pas vers lui.
— Oui, je suis au courant, dit-elle sur un ton de défi.
— Je pourrais croire que tu as fabriqué cette corde pour que les chasseurs puissent grimper, répliqua-t-il sèchement.
— Mais ce n’est pas ce que tu penses, n’est-ce pas ? rétorqua-t-elle d’un ton mordant.
— Non.
Elle se détendit. Un peu.
— Mais je voudrais tout de même que tu m’expliques à quoi elle t’a servi.
Le moment des aveux était venu…
— Je t’ai dit que Torin m’avait cachée, n’est-ce pas ? Eh bien, il m’a enfermée ici, pour que tes amis ne me trouvent pas. Je ne sais pas pourquoi il a fait ça, donc, ne me pose pas la question. Je t’ai entendu hurler et j’ai dû passer par les balcons pour te rejoindre.
Il avança d’un pas vers elle, puis s’arrêta, comme s’il sentait qu’il valait mieux qu’il ne l’approche pas.
— Tu aurais pu faire une chute mortelle, commenta-t-il paisiblement.
— Je ne suis pas tombée, c’est tout ce qui compte.
— Tu t’es suspendue au-dessus du vide…
Tu dois lui tenir tête.
Ils venaient tout juste de s’avouer ce qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, et cette première dispute donnerait le ton à toutes les autres. Car ils se disputeraient, pas de doute. Il était trop passionné, et elle trop indépendante.
— Oui, dit-elle d’un ton déterminé. Je me suis suspendue au-dessus du vide.
— Ne recommence plus jamais ça, tu m’entends ? Plus jamais…
Il marcha sur elle et se pencha en avant.
— Tu entends ? Je veux que tu me le jures.
Son cœur se mit à battre à une vitesse frénétique.
— Dis à tes amis de ne plus jamais m’enfermer, et je le jure.
Il écarquilla les yeux de surprise. Mais qu’est-ce qu’il croyait ? Qu’elle allait s’excuser en sanglotant ?
— Je vais les tuer, grommela-t-il à sa grande surprise. Tu aurais pu mourir.
Il la contourna pour entrer dans la pièce, avec un regard assassin qui en disait long sur ce qu’il avait en tête. Ah non ! Pas question qu’il la quitte maintenant. Pas question non plus qu’il se batte avec ses amis. Elle tendit le bras. Elle n’hésita pas. Elle n’avait plus peur de lui. Elle referma résolument la main sur son biceps. Il fit volte-face en grognant.
— Tu ne nous gâcheras pas la journée avec une bagarre, protesta-t-elle.
— Ashlyn…
— Maddox…
Il aurait pu aisément la repousser, mais il ne le fit pas.
— Tu aurais pu mourir, répéta-t-il.
Puis il inclina la tête et, tout en poussant un long gémissement rauque, il posa ses lèvres sur les siennes, la pénétrant d’une langue exigeante et aventureuse.
Enfin… Merci…
Leur baiser avait un goût de fureur, de passion, de désir, et ce mélange parut plus excitant à Ashlyn que tout ce qu’elle avait jamais connu.
— Je ne veux… pas… te faire de mal, gémit-il en s’écartant d’elle.
— Tu ne peux pas, assura-t-elle.
— J’ai peur.
— N’aie pas peur.
Il inclina la tête pour pousser sa langue plus avant, prendre possession de sa bouche tout entière, et ce fut comme s’il assouvissait une faim qui la dévorait depuis toujours. Elle se laissa emporter par ce don total et réciproque. Exactement ce qu’elle avait toujours imaginé. Ce qu’elle avait toujours voulu.
— Je vais te donner ce que tu désires. Sans te brusquer.
— Je veux tout. Tout ce que tu as à donner.
Il empoigna ses fesses et l’écrasa contre lui, si fort qu’elle en eut le souffle coupé. Haletante, elle passa ses jambes autour de sa taille. Il recula avec elle jusqu’au mur. La pierre froide lui érafla le dos, mais elle la sentit à peine.
Elle avait eu une vie plate et morne. Partagée entre le travail et la maison. Sans ivresse. Elle avait dit à Maddox n’avoir pas souffert de la solitude, mais elle avait manqué de tendresse. De caresses. D’amour. Désespérément.
Mais jamais elle n’aurait osé rêver d’un tel tourbillon de sensations.
À travers son pantalon et la serviette, son sexe en érection poussait entre ses cuisses ouvertes, en appuyant précisément là où elle l’attendait. Un gémissement lui échappa. Elle s’agrippa à lui, enfonçant ses ongles dans son torse.
— C’est bon…, dit-il en prenant l’un de ses seins à pleines mains.
Sa caresse à la fois douce et brutale déclenchait une délicieuse sensation située exactement entre le plaisir et la douleur. Il trembla, comme s’il ne se contrôlait plus. Puis il se ressaisit.
— Oui, c’est bon…, murmura-t-elle.
Son ventre était traversé de courants chauds et délicieux qui se propageaient dans tout son corps. Elle ne se lassait pas d’aller et venir, en avant, en arrière, pour se frotter à sa verge. Elle était trempée. Jamais elle n’avait senti un désir si dévorant. Elle avait envie d’exister, de mordre la vie à pleines dents, de mourir de plaisir.
— Tu veux que…
Il s’interrompit pour lui mordre le menton, puis le cou.
— Qu’on fasse comme dans les romans ?
— Tout ce que je veux, c’est toi, murmura-t-elle.
À présent il lui mordait le sein, et la douleur était plus forte, mais il insista, jusqu’à ce qu’elle attise son désir. Il fit descendre sa serviette et s’attaqua au mamelon, avec ses doigts, mais plus durement encore qu’avec ses dents. Une sorte de grondement montait de sa poitrine, un ronronnement primitif auquel elle faisait écho, malgré elle.
— Enlève cette serviette, ordonna-t-il.
Mais il n’attendit pas qu’elle réagisse et ôta lui-même d’un geste brusque ce tissu qui les séparait.
L’air glacé lui mordit la peau. Mais il ne la réchauffa pas. Il la lâcha et recula pour la contempler. Juste ça. En silence, lentement, en s’attardant ici et là, pour mieux se régaler du spectacle. Ce regard insistant, presque plus fort qu’une caresse, lui fit oublier le froid.
Quand il la regardait de cette manière, elle devenait une déesse. Une sirène. Une reine.
— Tu es belle, murmura-t-il. Si belle…
Puis ses mains reprirent le chemin qu’avaient suivi ses yeux, avec autant de lenteur, autant d’application, sans rien oublier.
— Je suis à toi, gémit-elle.
— Tu es à moi, oui, répondit-il en léchant ses clavicules qui furent parcourues d’un grésillement. Tu es la plus belle femme que j’aie jamais tenue dans mes bras, poursuivit-il en prenant de nouveau ses seins dans ses mains. Tes mamelons sont roses et parfaits. On dirait qu’ils sont faits pour ma bouche.
— Alors goûte-les…
Il passa méticuleusement sa langue sur le premier, sur le deuxième. Puis il la fit reculer au centre de la pièce et tomba à genoux.
Elle ferma les yeux, totalement offerte. Quand cet homme se mettait à genoux, il se passait de drôles de choses. Des choses indécentes. L’une de ses mains s’était glissée jusqu’à son intimité, qu’il pressa délicatement pour l’attirer plus près de lui. Et, sans cesser de lui manger les seins, de sa main libre, il s’occupait de lui donner des sensations insensées.
— Oui… Là… Exactement là…
Ses doigts la caressaient, puis la quittaient, revenaient. Elle faillit défaillir de frustration. Mais il la soutint.
— Je veux plus…gémit-elle.
— Bientôt. Patience.
— Laisse-moi te toucher…, supplia-t-elle.
Elle haletait tant qu’elle avait du mal à parler.
Il se remit aussitôt debout, d’un bond, et elle put voir danser dans ses yeux des flammes rouges, noires et mauves. Sans un mot, il la souleva pour la porter jusqu’au lit et la déposa sur la soie fraîche. Puis il fut au-dessus d’elle. Ce corps qui pesait sur le sien était la chose la plus délicieuse qu’elle eût jamais connue.
La lumière des candélabres les baignait dans un halo doré. À cet instant, elle eut l’impression d’être chevauchée par un ange. Son ange. Son sauveur. Son amour.
— Enlève ton pantalon, ordonna-t-elle d’une voix rauque.
La peau nue de son torse la brûlait délicieusement et elle voulait qu’il la brûle tout entière, elle voulait sentir ses jambes, son sexe enflé…
Comme il ne réagissait pas, elle chercha à tâtons sa ceinture, pour la défaire.
Il secoua la tête.
— Si j’enlève mon pantalon, je ne pourrai pas m’empêcher de te pénétrer, prévint-il d’une voix basse et tendue.
— Mais je veux que tu me pénètres.
— Je n’ai pas fini de te goûter, protesta-t-il.
Il s’écarta un peu d’elle pour lui caresser le ventre d’un doigt léger.
— Oui, goûte-moi encore. Je le veux… Je le veux…
Elle le voulait plus que tout. Et puisqu’il refusait d’ôter son pantalon, il ne lui restait plus qu’à se débrouiller autrement. Elle glissa ses mains sous la ceinture et lui agrippa le sexe.
Il poussa un soupir et ferma les yeux.
— Ashlyn…
Son pénis était tellement large qu’elle arrivait à peine à en faire le tour. Mais elle s’arrangea tout de même pour le caresser, de haut en bas, comme elle l’avait vu faire sous la douche, et enfin, enfin, il n’y tint plus et introduisit un doigt dans son vagin. Elle poussa un cri étranglé.
Il se figea.
— C’est bon ?
— C’est bon, répondit-il en gémissant.
Son doigt entra en action, allant et venant, trop lentement – plus vite, plus vite. Elle se cambra pour mieux le sentir glisser le long de ses parois et tenta de les resserrer, pour l’emprisonner.
— Encore, soupira-t-elle.
Un deuxième doigt vint rejoindre le premier, écartant un peu plus l’ouverture. Elle referma ses genoux sur ses cuisses musclées. Leurs regards se rencontrèrent. Il avait le visage couvert de sueur, la bouche crispée.
— Tu es chaude et humide, dit-il.
— Ton sexe est énorme et si dur…, répondit-elle.
— Il est à toi, dit-il.
— Oui, à moi.
Je veux être à lui pour toujours. Pour toujours.
— Encore un doigt, supplia-t-elle.
Il obéit et introduisit un troisième doigt dans son vagin, pour l’écarter encore. Elle ressentit une légère brûlure, mais ce n’était rien à côté de la merveilleuse sensation de lui appartenir.
— Tu es à moi, dit-il.
Son sexe tressauta dans la main qui le pressait.
— Tu es prête, ma beauté ?
— Oui, je suis prête.
Elle était prête, en effet. Elle n’avait même jamais rien désiré avec autant d’intensité. Elle aurait donné sa vie pour aller jusqu’au bout de cette expérience.
— Oui, vas-y, insista-t-elle.
Il fit descendre son pantalon. Il ne portait toujours pas de sous-vêtements. Il était enfin nu.
— Regarde-moi, ordonna-t-il.
Elle obéit. Leurs yeux se mêlèrent. Aussi intimement que leurs corps.
La pointe dure de son pénis poussa entre ses cuisses, mais il n’entra pas complètement. Elle se cambra, pour aller à sa rencontre, mais il ne tenta pas d’aller plus loin. Il résistait, encore…
— J’ai besoin d’un peu de temps… pour… contrôler mon démon…, murmura-t-il avec difficulté. Je ne veux pas qu’on s’arrête là, mais je… Je suis rempli d’un désir noir et violent que je dois maîtriser.
— Je n’ai pas peur.
Elle voulait le prendre. Avec son démon. Parce qu’ils ne faisaient qu’un.
— Tu as tort, prévint-il.
En dépit du froid, il transpirait tant que sa sueur gouttait sur ses seins.
— Ça fait des milliers d’années que je n’ai pas fait l’amour à une femme de cette façon et…
Il ne termina pas sa phrase, mais elle devina qu’il n’osait pas la regarder. Alors, elle plongea ses yeux dans les siens. Elle se sentait protégée par cet amour lumineux qu’elle ressentait pour lui.
— Je ne peux plus attendre, dit-elle.
— Il le faut, pourtant.
Elle releva les jambes, pour le pousser plus avant en elle, mais il posa sa main sur la tête de lit et résista, tout en grognant.
— Frappe, mords si tu veux, ça m’est égal… gémit-elle.
— Non, pas avec toi.
— Si. Ne te retiens pas. Je n’ai pas peur.
— Je ne veux pas te faire de mal, geignit-il en secouant la tête et en détournant le regard. Je me le suis juré.
Oblige-le à lâcher prise, à perdre le contrôle. Prouve-lui qu’il peut se laisser aller. Que tu l’acceptes tel qu’il est…
Elle lui prit le menton, l’obligeant à tourner la tête vers elle. S’il renonçait une première fois, il n’oserait peut-être plus jamais la toucher. Et il finirait par la quitter.
— Viens, gémit-elle tout en donnant un coup de hanche pour glisser le long de son sexe. Je veux. Maintenant. J’en ai tellement envie que j’en ai mal au ventre…
Il haletait.
— Attends un peu…, supplia-t-il.
Mais elle ne pouvait pas attendre.
Elle laissa courir ses doigts le long de son dos – du velours sur du métal, un festival d’électricité statique. Son tatouage lui avait paru si réel qu’elle l’avait cru en relief, mais ce n’était pas le cas. Sa peau était douce et tiède, parfaitement lisse.
— Si tu ne me prends pas…
Elle lui massa les fesses du bout des doigts, l’air de rien, et ses muscles se contractèrent sous ses doigts.
— C’est moi qui vais te prendre.
Puis, brusquement, elle l’attira à elle, tout en se cambrant violemment en arrière. Surpris, il lâcha la tête de lit et s’effondra en elle. Elle poussa un cri de douleur et de victoire.
Il céda.
Avec un long grognement, il se mit à aller et venir. Sans retenue. À présent, elle était vraiment sa femme.
Il lui mordit un tendon du cou et elle trembla. Il continuait son va-et-vient, glissant pour se retirer, se projetant en elle de toutes ses forces. Le lit tremblait, les pieds de métal grinçaient sur le sol. Il attrapa un de ses genoux et le coinça dans la pliure de son coude, pour mieux lui écarter les jambes, mieux la pénétrer.
— Je suis désolé, je suis désolé, ne cessait-il de répéter.
— Non, ne sois pas désolé. Continue. Continue.
Le rythme s’accéléra, ses coups de boutoir devinrent plus violents encore.
— Ashlyn, haleta-t-il. Ashlyn…
Elle était en feu, son pouls battait au rythme du sexe qui la pénétrait, elle balançait la tête en arrière. Puis elle ne songea plus à rien. À rien d’autre qu’à son plaisir.
Quand il lui pinça les seins, elle crut qu’elle allait hurler, mais il referma ensuite ses dents sur sa gorge et elle sut qu’il avait encore beaucoup à lui apprendre.
— Désolé, gémit-il. J’aurais tellement voulu te prendre en douceur.
— Ça me plaît comme ça. Vas-y. Ne te gêne pas.
La douceur et la tendresse, ce serait pour plus tard, quand il l’aurait rassasiée, quand il aurait compris qu’elle acceptait avec bonheur tout ce qu’il avait à lui donner, quand…
— Ça vient…, murmura-t-elle. Je sens que ça vient.
Il ne manquait plus que…
Il la saisit par les cheveux et lui renversa la tête en arrière pour enfoncer sa langue dans sa bouche, avec une délicieuse obscénité, et c’était comme une drogue, aussi puissant qu’une piqûre d’héroïne. Puis ce fut l’orgasme. Un brasier. Son corps tremblait. Elle était trempée. Son cerveau fut traversé d’éclairs et d’ombres. Elle mourait. Lentement. Puis plus vite. Elle s’envola.
— Ashlyn ! cria Maddox au moment où le plaisir l’emportait à son tour.
Sa semence tiède se déversa en elle, par petits jets, et il se raidit.
— Tu es à moi, gémit-il en lui mordant le cou, comme s’il ne pouvait pas s’en empêcher.
Il lui fit mal, mais c’était bon, si bon, qu’elle eut un deuxième orgasme. Elle trembla et se cambra contre lui, en criant d’extase. Jamais elle n’aurait cru que le plaisir et la douleur pouvaient se mêler, se décupler l’un l’autre. Mais ce fut le cas. Et elle l’accepta.
Il se laissa retomber sur elle, haletant.
— Désolé. Désolé. Je ne voulais pas…
— Ne t’excuse pas. Je suis comblée.
Elle sentait le poids de son corps sur le sien. Un bonheur sans pareil.
— J’aime ça, assura-t-elle. On recommencera.
Il roula sur le dos, en l’entraînant avec elle et elle se retrouva la tête sur sa poitrine, alanguie, amollie, sans forces, tandis qu’il lui caressait tendrement le dos.
— Tu aurais sûrement apprécié plus de délicatesse, j’en suis sûr. Surtout pour une première fois.
Elle sourit.
— J’en doute. Mais je ne t’empêche pas d’essayer de me convaincre.
Une lueur d’amusement passa dans son regard. La seconde d’après, il l’installait à califourchon sur lui.
— Avec plaisir, dit-il.